15h30 : Fin des cours. Elle m'attendait, comme tous les vendredis. Et comme tous les vendredis, on rentrait ensemble, et on passait un peu de temps chez moi avant qu'elle rentre chez elle. Et ce vendredi-là, mes parents n'étaient pas là. Donc on passe du temps ensemble, comme à notre habitude, et elle décide de me montrer des clips de K-Pop, et elle arrive à son groupe préféré. Et là, sans savoir pourquoi, je me sens bizarre, à la fois attiré et repoussé par les protagonistes du clip, mais je suis fatigué, ça doit être pour ça.
17h : Comme tous les vendredis, elle rentrait chez elle, et de mon côté, je partais au sport. Le bus est en retard, alors on s'accorde un dernier baiser avant de se séparer physiquement. Je commence à avancer, quand j'entends le bus qui arrive, alors que je suis pile entre deux arrêts assez éloignés. J'ai l'habitude, je cours, j'accélère, et j'arrive à l'arrêt, complètement essoufflé, mais finalement dans le bus. Je m'assois à ma place habituelle, avant d'être délogé par une aînée qui ne daigne pas s'installer deux places plus loin. Je vais donc me caler, un peu moins à mon habitude, en plein milieu du bus, dans ce que je nomme "l'accordéon". L'articulation du bus craque encore plus que les miennes, j'en suis choqué, mais c'est une machine, ce n'est pas vivant. De nature très peu sociable, je mets mes écouteurs et lance une chanson aléatoire. "Pleasure Slave", Manowar. Un régal, j'adore cette chanson. J'ai la bougeotte lorsque j'écoute de la musique, mais du coin de l’œil, j'aperçois cet homme, qui semble me dévorer du regard. Je fis comme si je ne le voyais pas, mais mon corps et mon esprit se défièrent. Premier round, je me laisse absorber par la musique, 1-0 pour le corps. Deuxième round, je tente un discret coup d’œil, il me regarde toujours, scotché. 1-1. Dernier round, il met son sac à ses pieds, je sais ce que ça veut dire. Je m'assois et lui dis poliment "Bonjour, merci". Mais je me replonge instantanément dans ma musique, et j'envoie des SMS, je fais mon esthète musical en ne choisissant que des morceaux peu connus (qui sait, peut-être qu'il écoute ce genre de musique), et tête baissée, je jette un rapide coup d’œil à son écran. Il discutait avec une certaine Mélina, et il lui disait "Tu sais, j'ai vu quelqu'un dans le bus, il est super-mignon, et il me plaît énormément. Tu crois que je dois lui parler?" Je ne savais pas comment réagir, si je faisais quelque chose, il saurait que je lisais ses conversations, mais si je me taisais, je risquais de lui faire du mal. "Prochain arrêt : Stade". Je presse le bouton rouge, qui ne m'a jamais paru aussi difficile à enfoncer, et je m'avance vers mon équipe, avant d'enfiler mes baskets, mon collant et d'aller faire des tours de piste pour m'échauffer, la tête toujours pleine de questions vis à vis de la dernière heure.
20h15 : Je suis dans le bus-retour, j'ai mal aux jambes, je suis rouillé pour la course, je devrais arrêter de faire craquer mes genoux, chevilles et autres os importants. Je bouge ma tête au rythme de "Destruction Preventer" de Sonata Arctica, sans me préoccuper de la quadra dynamico-adultère qui prévient son chéri qu'elle va rentrer tard mais qui embrasse de suite son voisin, ou de l'échappé de la maison de retraite qui a fait un détour par le bar du coin. Enfer et damnation ! La musique se tait, je dois donc rester là à écouter les piaillements de la trompeuse, et les beuglements de l'imbibé. Je réfléchis, pourquoi donc me regardait-t-il ainsi? Et puis je me souviens que j'avais moi-même ressenti cette sensation, les papillons dans le ventre, tous ces symptômes amoureux, mais pour des filles, pendant longtemps. Mais quand c'était tombé sur lui, je n'y croyais pas, les homos étaient encore très martyrisés à l'école, au collège, au lycée, alors je me mentais. Mais ce jour-là, je n'étais plus sûr de rien. Bien sûr que j'étais amoureux d'elle, mais j'avais ressenti des sentiments pour des mecs, mais j'avais toujours tu ces sentiments en moi-même. Mais j'aimais autant les filles que les gars, donc je n'étais pas homosexuel, donc je pouvais encore m'en tirer sans trop de brimades. Et ce fût dès le lendemain que les ennuis commencèrent, lorsque j'ai dû lui avouer que j'étais bisexuel.
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