Le
doigt sur la gâchette. Elle n'en pouvait plus. Elle voulait en finir. Légère
pression. Clic. Elle s'effondra, brisée par les larmes. Elle ne supportait plus
cette école de vils chiens, d'immondes rapaces, de brutes épaisses, qui
prenaient malin plaisir à se jouer d'elle. Des fausses déclarations d'amour
par-ci, des menaces de mort par-là. Elle avait voulu en finir tant de fois que
ses bras montraient plus de cicatrices que son corps n’avait de veines. Sur son
bras gauche était gravé "faible". Sur son bras droit,
"moche". Sur son cœur, "Meurs". Elle était devenue accro à
ces mutilations, son corps était devenu le cahier sur lequel elle écrivait ses
maux. Quant au pistolet, le clic était sa drogue. Elle voulait cette adrénaline
pour la maintenir en vie, se disant qu'en mourant elle perdrait ce seul petit
plaisir.
Jenny avait 15ans et pourtant elle avait plus de vécu que quiconque de son âge du
côté négatif de la chose, tandis que son côté positif était toujours à un stade
embryonnaire. Ses parents idolâtraient son grand frère Mathieu qui avait réussi
ses études et qui désormais occupait un poste de chercheur dans un grand
laboratoire en Norvège. Il ne prenait pas la peine de prendre des nouvelles de
sa sœur, prétextant un manque de temps alors même qu’il trouvait le moyen de
passer des heures en conversation vidéo avec ses parents au détriment de son
sommeil. De plus, et c’est ce qui l’attristait le plus, c’est que du haut de
ses 15ans, elle n’avait eu personne avec qui partager ses tracas, ou même
partager des instants tout simplement. Elle n’avait qu’elle à aimer et elle ne
pouvait s’y résoudre. Dans le miroir elle ne voyait qu’un boudin infâme tout
juste bon à faire fuir un aveugle. La seule amie qu’elle ait jamais eu avait
déménagé il y a de ça 2ans et elles n’avaient pas pu garder contact.
Jenny
était seule, isolée, et pourtant tout le monde la connaissait comme étant le
mouton noir. Elle avait son style bien à elle, était passionnée de musique et
ne rentrait pas dans le moule, là où les autres de l’école étaient tous
habillés à la mode du moment, passaient leur temps en soirée et allaient tous
les uns avec les autres.
Elle
était seule, et espérait finir ainsi quand elle jetait son regard sur le monde.
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