Meurtrier d'une nuit

Pénombre totale, bruits inquiétants, ombres réfléchissantes, il n'est pas seul, ils le savent. Combien de temps se cache-t-il? Une heure, une journée, il n'a aucun indice temporel, il est encore moins rassuré. Il ne peut plus se cacher, ils ont tout dévasté, il les entend gémir autour de lui. Sur l'un des rares meubles encore debout, l'un des rares qu'ils n'ont pas démoli, une ombre suggérant un objet contondant, un moyen de défense qui ira à ravir. Il l'empoigne fermement, et frappe au hasard vers les ombres, il frappe encore et encore, jusqu'à se retrouver seule ombre encore debout. Il entreprend de taper les parois, afin de se donner une idée de son environnement actuel. Dur, dur, dur, dur, du verre. Il cogne la paroi en verre jusqu'à ce qu'elle se brise, et un flux lumineux envahit sa sombre prison. Il examine les corps, ils portent tous les traces de sa barbarie, mais après tout, ils lui voulaient du mal, se dit-il. Puis il reconnaît un corps. Puis deux. Puis trois. Puis d'autres. Il a tué des personnes qu'il connaissait, sans distinction, parce qu'il était aveuglé. Horrifié, il veut en finir, veut se jeter par la fenêtre récemment brisé, mais...

Le réveil sonne, ce n'était qu'un cauchemar... Il se sent rassuré, et appelle une personne au hasard pour lui raconter ce cauchemar, mais pas de réponse. Personne ne lui répond, personne qu'il ait vu dans ce rêve ne lui répond. Il se dit qu'ils doivent dormir, mais il voit une Une de journal virevoltant au gré du vent.

"Un groupe de jeunes a été sauvagement assassiné dans la maison en bordure de la ville, la police recherche toujours l'assassin."

Meurtrier d'une nuit, cette idée le mortifie. Doit-il se rendre, doit-il en finir? Il ne sait pas, ne sait plus, et ne voit pas ce camion en contrebas du pont sur lequel il titube. Le chauffeur ne le voit qu'au dernier moment.